« Un marché bloqué alors que Toulouse a un besoin criant de logements »
Le 14 mai, la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) de France pousse un cri d’alerte à l’occasion de la présentation des chiffres du logement neuf pour le 1er trimestre 2024 : « Tout va mal, ne changez rien ! ». Réaction à chaud de Laëtitia Vidal, présidente de la FPI Toulouse Occitanie. « 3 questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Laëtitia, quel est le climat des affaires chez les promoteurs toulousains ?
La situation est sidérante. Nous pensions avoir atteint un niveau bas fin 2023 mais le premier trimestre 2024 nous prouve que la situation peut se dégrader encore plus. Sur le T1, le nombre de logements neufs mis en vente par les promoteurs en France est à son niveau le plus bas depuis 2010. Il baisse de 41,2% si l’on compare le 1er trimestre 2024 au 1er trimestre 2023. Le rapport donne aussi un aperçu de la région Occitanie où la situation est tout aussi préoccupante. L’aire urbaine de Toulouse enregistre un fort recul d’activité avec – 58 % de mises en ventes de logements neufs et une baisse des ventes de 19 %. Le marché est totalement bloqué alors que l’aire urbaine de Toulouse a un besoin criant de logements. Le marché de la location est extrêmement tendu et le logement social vit une situation d’engorgement. Les réductions d’effectifs sont inévitables. Nous sommes en train de perdre des compétences précieuses, et de casser l’appareil industriel du logement qui mettra des années à se relever.
Dans cette galère, quel est ton message-clé ?
L’état d’esprit reste combatif. Le logement est un droit fondamental pour chacun d’entre nous, nous ne baisserons pas les bras, nous le devons à nos clients et à nos collaborateurs. Le monde de la promotion immobilière est agile, nous savons nous adapter. Le gouvernement souhaite institutionnaliser le logement et transférer le marché de l’investissement privé vers les investisseurs institutionnels, soit… qu’il fasse alors en sorte que ses partenaires soient en capacité financière, humaine et décisionnelle de répondre à ce défi. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, en tous cas, pas dans des proportions suffisantes pour répondre aux besoins de logements.
Comment tes adhérents se projettent-ils sur les mois à venir ? Quels leviers actionner chez la FPI Toulouse Occitanie ?
La projection est très difficile car nous n’avons pas de perspectives. Notre activité doit s’anticiper. Nous travaillons aujourd’hui sur les programmes qui se construiront dans un ou deux ans, voire plus. Comment imaginer une programmation quand on ne sait pas à qui vont devoir s’adresser les logements et si les ménages seront en mesure de les financer ? La FPI a fait plusieurs propositions au gouvernement auxquelles nous nous associons : l’exonération de droits de donation quand celle-ci est destinée à financer l’achat d’une résidence principale neuve ; Ou encore, permettre aux investisseurs privés d’acheter des logements en LLI (logements locatifs intermédiaires) afin de compléter l’offre portée par les investisseurs institutionnels qui sera, dans tous les cas, insuffisante.