« Un nanosatellite pour détecter les déchets plastiques en Méditerranée »
Le Centre spatial de l’Université de Montpellier, dirigé par Laurent Dusseau, veut envoyer dans l’espace, à horizon 2027, un nanosatellite pour la télédétection, la collecte et la valorisation de déchets plastiques en zones côtières méditerranéennes. Entre 5 et 7 M€ sont recherchés, avec l’appui de la Fondation Van Allen (FVA). Un sujet à paraître dans Les Échos (rubrique « Innovateurs ») cette semaine, dont nous vous résumons les grandes lignes avec Isabelle Lagracie, directrice développement et mécénat de la FVA. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Isabelle, que signifie ‘Desdemone’, ce programme d’innovation présenté à la presse le 24 janvier ?
L’acronyme signifie « Détection par satellite des déchets plastiques en mer Méditerranée ». Ce programme est lancé par le Centre spatial de l’Université de Montpellier (CSUM). L’objectif est d’envoyer dans l’espace un nanosatellite, d’ici à fin 2027, pour repérer et collecter déchets plastiques, avant qu’ils ne coulent, ou ne soient renvoyés par le rivage. Et les déchets plastiques, en Méditerranée, il y en a partout ! Les premiers recueils de données sont espérés fin 2028. La campagne de levée de fonds, d’un montant compris entre 5 et 7 M€ sur quatre ans, va être lancée. Par sa dimension environnementale, Desdemone doit aussi susciter des vocations spatiales auprès des étudiants de l’Université de Montpellier.
Qui sont les partenaires du programme ?
Le laboratoire de recherche Cefrem (CNRS et Université de Perpignan), pour les indices de spectrométrie ; Geomatys, spécialisé dans le traitement des données complexes ; le Groupe Nicollin, spécialiste de la gestion et la valorisation des déchets, qui soutient aussi le programme en tant que mécène.
Peux-tu préciser la R&D à déployer ?
Une instrumentation spécifique doit par exemple être mise en place pour identifier les plastiques, qui absorbent les rayons du soleil. Par ailleurs, pour orienter le satellite vers les zones à observer, les expertises de Comat (roues à réaction) et Sodern (ArianeGroup, viseurs d’étoiles et optronique spatiale) seront sollicitées. Autre défi pour le CSUM, le quadruplement de la taille du nanosatellite pour cette mission. Nous allons passer de 3 – une unité étant un cube de 10X10X10 cm – à 6, voire 12 unités.
> Présidée par Jean-Claude Gayssot, ex-ministre des Transports, la Fondation Van Allen supporte, aux côtés de la Région Occitanie, le développement du CSUM, qui compte une trentaine d’ingénieurs. Cette Fondation regroupe un réseau d’une quarantaine de mécènes industriels, auprès desquels environ 600.000 euros sont levés chaque année. Dix plateformes nanosatellites, développées par le CSUM, ont déjà été envoyés dans l’espace. Dont le Robusta 3A (prévision des épisodes méditerranéens), qui a décollé de Kourou (Guyane) en juillet dernier, à bord d’Ariane 6.
> Sur le même sujet : « Le CHU de Montpellier va faire parler la salive des astronautes de SpaceX », Les Echos, 15 janvier, s’envoler en cliquant ici