Daniel Connart et Emmanuel Barras, Crédit Agricole du Languedoc

16 décembre 2024
Daniel Connart et Emmanuel Barras
©Hubert Vialatte (Les Indiscrétions)

 « Les associations culturelles donnent du ciment à nos territoires !  » 

Ce vendredi 13 décembre, les lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt mutualiste « Art et culture accessible à tous » du Crédit Agricole du Languedoc (92 caisses locales, 2.700 collaborateurs) se sont réunis au siège de la banque régionale, à Lattes (34). Certains sont venus de loin : les initiatives ont essaimé dans les 4 départements de sa zone (Lozère, Gard, Hérault, Aude). Daniel Connart (à droite sur la photo), président du CAL, et Emmanuel Barras, DG adjoint, insistent sur le rôle des caisses locales pour identifier les projets culturels locaux, juste avant de remettre les prix aux lauréats. « Trois questions à… », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.

Daniel, quelle enveloppe le CAL a-t-il dédié à cette AMI, et en quoi les aides peuvent s’avérer décisives ?
L’enveloppe globale s’élève à 250.000 € (50 k€ de plus qu’en 2023), soit environ 50 % du budget dédié au mécénat culturel du CAL (535 k€). 235 associations culturelles sont récompensées (85 dans l’Hérault, 58 dans l’Aude, 51 dans le Gard et 41 en Lozère), sur 276 dossiers reçus, soit 2,5 dossiers par caisse locale. Il n’y a pas de petit ou de grand projet dans la culture. La Panouse, petite commune de Lozère qui compte 77 habitants, a décroché une aide. Le montant des aides oscille de 800 à 6.000 euros. Parfois, il suffit de quelques centaines d’euros pour boucler le financement d’un projet culturel. Les projets sont très diversifiés : spectacle de clown dans les hôpitaux, billets prépayés pour inviter les gens au théâtre, spectacle itinérant de « La Joie Errante » en Lozère…

Emmanuel, en quoi une banque mutualiste comme le CAL joue-t-elle, selon toi, un rôle particulier ?
Nos élus, dans les caisses locales, connaissent les projets et les acteurs de leurs territoires respectifs. Suffisamment pour aller les solliciter. Et il le faut, car les projets ruraux n’ont pas pour habitude de contacter les fonds de dotation nationaux. C’est la force du caractère mutualiste. Une banque comme la nôtre doit être une banque de l’inclusion. Et la culture crée du lien social. Ce qui m’étonne, dans cet AMI, c’est la mobilisation des territoires ruraux, qui est exemplaire. Des petites communes arrivent à se mobiliser. À l’échelle nationale, le Parlement est en train de ‘buguer’. Heureusement que les associations donnent du ciment à nos territoires !
(Daniel Connart) En interne, il a fallu se battre pour convaincre le conseil d’administration. Nous sommes des agriculteurs à la base (sourire). Le projet pouvait sembler à certains élitiste. Mais les administrateurs se sont rendus compte que le projet était inclusif et intergénérationnel. Le CAL a par exemple soutenu la Compagnie du Kaïros, pour sa pièce « Je suis trop vert » (lauréate d’un Molière de la jeunesse) initiant à la vie rurale et jouée devant, au total, 1.200 collégiens de 15 établissements scolaires. C’est une œuvre qui a un sens, et dont nous partageons les valeurs. Cela permet de faire découvrir aux adolescents une forme d’art, et de passer un message auprès d’eux via un canal artistique. Les représentations ont eu lieu à Mende, Nîmes, Montpellier et Carcassonne.

Daniel, sur quoi a porté précisément l’appel à projets, et quel est l’engagement plus global du CAL pour la culture ?
Quatre thèmes ont été identifiés : publics empêchés/éloignés, la culture comme facteur de lien entre les générations, la culture comme vecteur de soin et la diffusion de la culture du milieu urbain vers le milieu rural.
(Emmanuel Barras) En dehors de cet AMI, le soutien à la culture passe par diverses formes de mécénat : expositions itinérantes (« d’art en agence », avec le prêt d’œuvres du Musée Paul Valéry de Sète) ; Partenariat avec le Mo.Co pour rentre l’art contemporain accessible, via des actions solidaires et inclusives, par exemple avec la démarche « Art sur Ordonnance » de sensibilisation à l’art pour les patients hospitalisés ; Ou encore, notre partenariat avec l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie. C’est un orchestre qui intègre, se produit dans les Ehpad, les prisons, qui fait venir des prostituées avec leurs enfants, ou des jeunes issus de quartiers défavorisés… Nous sommes aussi vecteurs de communication de ces actions : elles sont si nombreuses que c’est parfois compliqué, pour ceux qui les portent, de les faire connaître.

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