« On ne peut plus ne pas savoir ce qui va se passer »
La présidente du Pôle Habitat FFB Occitanie et énergique représentante de l’acte de bâtir, tire la sonnette d’alarme. Avec méthode : interview dans La Dépêche du Midi, conférence de presse dans le Gard la semaine dernière, et ce 7 mars dans l’Hérault, à trois jours du Salon de l’Immobilier régional. Histoire de mettre la pression.
Trois questions à, la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Céline, pourquoi communiquer maintenant ? Quelle est l’urgence ?
Le marché de la maison neuve en secteur diffus chute violemment, de 31,3 % en 2022, et même de 38,2 % au derniers trimestre. Avec 96.000 ventes brutes en France, il s’agit du pire exercice des 16 dernières années. Quant au logement collectif, les ventes aux particuliers se contractent de 14,1 % en 2022, et même de 30,4 % au dernier trimestre. Les entreprises du territoire souffrent énormément. Beaucoup sont à court de trésorerie, et sont ciblées par la Banque de France. Leur marge a fondu. Nous essayons de les accompagner au mieux. Le message aux élus, c’est qu’il ne faut pas anticiper le Zan (zéro artificialisation nette), et qu’il faut sortir les opérations le plus vite possible. Les permis de construire tardent à être instruits. En dehors des entreprises qui rencontrent des difficultés, je vois poindre une crise sociale. Accéder à un logement, en accession ou en location, devient de plus en plus complexe. La crise touche également la production de logements sociaux, impactée par la baisse des logements neufs. C’est d’autant plus vrai en Occitanie, où la démographie est positive. De plus en plus de ménages doivent se tourner vers des logements précaires, faute d’autre solution.
Quelles solutions proposes-tu ? Quel est ton message au gouvernement ?
Le Pôle Habitat FFB appelle le gouvernement à instaurer un « bouclier logement », pour soutenir le pouvoir d’achat immobilier des ménages. En voici les 5 piliers : prolongation du prêt à taux zéro, son rétablissement à 40 % sans discrimination territoriale (il est stupide qu’Alès, qui se développe, n’en bénéficie pas, et de manière générale les zones B1 et C), le rehaussement de 25 % des plafonds d’opérations pris en compte dans son calcul, l’instauration d’un crédit d’impôt de 15 % sur les 5 premières annuités d’emprunt pour compenser l’impact de la RE 2020, et la restauration du dispositif de défiscalisation Pinel dans sa version 2022, jusqu’à la mise en place du statut de bailleur privé. Ce statut permettrait au propriétaire de se voir allouer un amortissement plus intéressant de son bien. Globalement, nous avons besoin d’une pérennité des dispositifs. On ne peut plus ne pas savoir ce qui va se passer.
Le climat n’est pas des plus fous. Quel sera ton message positif au micro, vendredi matin lors de l’inauguration du Salon de l’Immobilier ?
Les taux d’intérêt ne vont pas baisser, les conditions d’accès au crédit vont se durcir, et il n’y aura pas de baisse de prix des matériaux. Par voie de conséquence, plus que jamais, c’est le moment d’acheter. La pierre reste une valeur refuge. La demande reste bel et bien présente. Les Français et habitants d’Occitanie veulent accéder à la propriété. Les mécanismes de blocage se situent dans l’offre.
Je rappellerai enfin que la rénovation se porte bien. Notre Fédération est composée à 50 % d’entreprises positionnées sur le neuf, et qui sont en difficulté, comme en atteste la liquidation judiciaire de Geoxia, numéro 2 national. Mais l’autre moitié, sur la rénovation, doit répondre à une forte appétence des Français pour l’amélioration et l’extension de leur habitat.
> Le dossier de presse et communiqué de presse du Pôle Habitat FFB sont consultables en cliquant ici et en cliquant là.
*Le 11 mars d’abord sur le Salon de l’Immobilier de Montpellier (organisateur : Adimo), en début de soirée, une première ‘Folie’ sera dévoilée.