« Une unité de production de médicaments dédiée aux biotech à Mauguio »
La société de services pharmaceutiques Inits a levé fin décembre 4 millions d’euros auprès de Sofilaro, Irdi Capital Investissement, l’Aris (Région Occitanie) et Altex, pour porter à Mauguio un projet immobilier qui accompagnera à partir de 2026 ses clients biotechs dans la production de médicaments. La fondatrice et CEO d’Inits, Amel Hadri, chimiste de formation, nous en dit plus. « Trois questions à… », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Amel, peux-tu expliquer ce qu’Inits fait actuellement, à Montpellier (Carré Montmorency, Antigone), et ce qu’Inits fera demain, en plus ?
Nous passons du stade de conseil à la réalisation d’un site physique, à Mauguio (Parc Industries Or Méditerranée) dédié à la bioproduction de médicaments. C’est un pas de géant que réalise Inits, créée en 2013. Aujourd’hui, notre société de prestations intellectuelles dans le secteur pharmaceutique conseille et accompagne des biotechs, pour amener leurs produits du stade de procédé à celui de médicaments administrables sous essai clinique aux patients. À ce cœur de métier va s’ajouter, à partir de 2026, l’exploitation, par Inits SMO (Shared Manufacturing Organisation), d’une unité de bioproduction mutualisée mettant des espaces à disposition pour ses clients. L’idée est que les biotechs procèdent elles-mêmes à la fabrication de leurs lots précliniques et cliniques. Ce marché est en croissance.
Peux-tu décrire cet équipement ? Qui va le construire ? Quel est le montage financier ?
La construction de cet équipement de 3.200 m², inédit à l’échelle nationale, va être lancée au premier trimestre, pour une livraison fin 2025, à Mauguio. Ad Vitam by Icade intervient comme promoteur et GSE en constructeur. Architecte : ArchiGroup Grand Sud. L’espace accueillera, sous forme de forfaits mensuels, des biotechs à travers quatre unités, conçues comme des mini-usines sécurisées, chacune disposant de bureaux, de capacités de stockage et d’une salle blanche équipée, détaille. Deux unités privilégieront la bioproduction orientée sur la thérapie génique, une autre la thérapie cellulaire et la dernière sera modulable. Des fonctions de remplissage aseptique et de packaging secondaire se trouveront également sur site. Pendant l’hébergement des biotech, Inits jouera un rôle d’accompagnement et de formation sur les prérequis réglementaires et de qualité. Inits gardera la responsabilité de la libération des médicaments pour autoriser leur administration à l’homme.
Inits SMO ciblera des biotech travaillant sur des technologies innovantes, avec des procédés propriétaires et des équipes intégrées. Ces biotech ne trouvent pas actuellement de possibilité pour produire leurs lots sous essai clinique, dans un cadre respectant les standards réglementaires les plus stricts. Elles sont-obligées de sous-traiter, ce qui suppose de transférer tout ce qu’elles ont développé. Il y a donc un vrai besoin, d’autant plus que des technologies nouvelles émergent.
L’opération globale s’élève à 27 M€, entre la partie immobilière, dont Inits sera coactionnaire aux côtés d’autres investisseurs, et l’exploitation, qui sera assurée par Inits SMO. Inits, qui compte 50 clients, emploie 24 salariés et réalise un chiffre d’affaires de de 2,7 millions d’euros en 2023, dont 30 % à l’export. L’opération génèrera d’ici à 2028 le recrutement d’environ 40 collaborateurs.
Pourquoi te lances-tu ce challenge, maintenant ?
J’ai lancé cette réflexion il y a trois ans. Inits est sur une activité qui tourne bien, de façon plutôt confortable. Je me suis dit : soit je prends la décision de continuer mon petit bonhomme de chemin (sic), soit je me lançais un grand défi avec ce projet. J’ai travaillé dans des usines de production, et en ai mis en place. Cela m’intéresse. Alors, j’ai présenté le projet à l’équipe, en leur demandant d’y réfléchir ensemble. Il y a eu une adhésion de l’équipe. De plus, le contexte est particulier. J’observe un vrai manque de capacité de production de médicaments en France et en Europe.